• GIPN - Groupe d'Intervention de la Police Nationale

    " La cohésion fait la force "

    Après les évènements tragiques des J-O de Munich et le massacre de la délégation israélienne par un commando palestinien, les polices européennes décidèrent de lancer des décrets pour former des unités capable de lutter contre les différentes formes de terrorisme et pour gérer les situations de crise ( forcené, prise d'otages, escorte ou émeutes ).

    Les premiers GIPN ont été mis en place, le 27 Octobre 1972 et interviennent à la demande des juges ou des procureurs. Composé d'un effectif d'une trentaine d'hommes ils disposent des dernières armes et des équipements les plus sophistiqués.

    A l'époque 11 groupes d’intervention sont formés sur le territoire national. Leur nombre est ramené à 7 en 1985, puis porté à 9 avec les créations des GIPN de La Réunion (1992) et de Nouvelle-Calédonie (1993).

    Le premier a créé se type d'unité fut le commissaire divisionnaire Nguyen Van Loc, créateur du GIPN de Marseille.


    Tous les GIPN sont en contact et après chaque mission ils envoient leur synthèse et leurs stratégies aux autres groupes pour partager les connaissances et s'il le faut leurs techniques d'intervention pourrait être réutilisées par un autre groupe en suivant le modèle qui avait déjà marcher.

    La circulaire ministérielle du 4 Août 1995 définit aujourd'hui les fondements de l'emploi des GIPN : organisation, cadre d’engagement, compétence territoriale, missions, principes d’actions, mise en œuvre, moyens et coordination.

    ¤ Recrutement:

    Organisées au plan national par la DCSP, les sélections ont lieu environ une fois par an et se déroulent au sein d’une structure DFPN ( ENP Saint-Malo ou Nîmes ) avec le concours d’une équipe de psychologues de cette direction.

    Tous les gardiens de la paix et les officiers de la Police Nationale peuvent faire acte de candidature, à condition de répondre aux critères administratifs exigés ( 5 ans d’ancienneté, moins de 35 ans)

    .Une cinquantaine de candidats sont présélectionnés et convoqués sur le site choisi où, pendant une première semaine, ils doivent passer une série d’épreuves : tests psychologiques, combat, claustrophobie, vertige, athlétisme, natation etc….

    A la fin de cette première semaine, une partie des candidats est éliminée, et les       autres enchaînent sur des tests plus poussés pendant 4 jours supplémentaires.
    A l’issue de ces épreuves, une vingtaine de candidats reçoivent l’habilitation GIPN et sont affectés dans les groupes, où leur formation commence.

     

    ¤ Organisation:

    Les GIPN sont des unités de la Direction centrale de la Sécurité Publique, compétentes dans 75 départements et implantées au sein des services territoriaux de 9 grandes villes de province et d'Outre Mer (Lille, Strasbourg, Lyon, Nice Marseille, Bordeaux, Rennes, La réunion et la Nouvelle Calédonie).
    Le RAID est une force d’intervention analogue dépendant directement de la Direction Générale de la Police Nationale et dont la compétence géographique englobe les 21 départements les plus rapprochés de Paris.
    Composés de fonctionnaires de police recrutés selon des critères très sélectifs, dotés de matériels performants et soumis à un entraînement rigoureux et suivi, les GIPN peuvent se définir comme des groupes de policiers au service d'autres policiers.

    Ils interviennent en relais des autres services de la Police Nationale, chaque fois que la situation l'exige, avec le souci constant de préserver l'intégrité physique des intervenants et de n'utiliser la force strictement nécessaire qu'en dernier recours.

    ¤ Répartition des GIPN en France:

    En France les unités GIPN sont au nombre de 9 et sont répartit sur le territoire métropolitain mais sont aussi installées dans les DOM-TOM.

     

    . En métropole il y a 7 unités:

    Lille             (16 hommes)
    Strasbourg   (16 hommes)
    Lyon            (24 hommes)
    Nice            (16 hommes)                                
    Marseille      (24 hommes)
    Bordeaux     (16 hommes)
    Rennes        (16 hommes)

    . En outre mer il y a 2 unités:

    Nouvelle Calédonie   (16 hommes)
    La Réunion              (16 hommes)

    ¤ Armements et équipements:

    Bien que les GIPN soit moins nombreux que des unités comme le RAID ou le GIGN il dispose d'un budget plus important notamment avec la nouvelle politique de sécurité intérieur, dans leur arsenal on retrouve toutes les gamme d'armes du fusil à pompe au fusil d'assaut en passant par les revolvers et PA.

    - Les Beretta 92F et Sig Sauer P-226 et P-228.
    - Les revolvers Manurhin MR-73, Forgeron et Smith & Wesson 686.
    - Les pistolets mitrailleurs H&K MP5 A3 et SD6.
    - Les fusils d'assaut H&K G36K et G36C, et la firme des SSG 551 et 552 commando.
    - Les tireurs de précison ont des fusils PGM Ultima Ratio intervention et Commando II ainsi que des Steyr-Mannlicher SSG.

    Quant à l’équipement de protection personnelle, il se compose d'un casque kevlar avec visière pare balles; d'un gilet pare balles de différentes catégories (II ; III ; IV ou V), de coudières et genouillères; ainsi que de boucliers blindés qui protègent les membres des armes de petits calibres.

     

    ¤ Une journée "ordinaire" avec les policiers d’élite du GIPN:

    Les hommes du groupe d’intervention de la police nationale (GIPN) entrent en action là où les situations sont les plus critiques: ils sont notamment formés pour mettre hors d’état de nuire terroristes et forcenés. Leur force réside dans la rigueur de leur entraînement.

    La scène se déroule, mercredi 29 janvier, sur le versant sud de la colline de la Mûre, dans les hauteurs du quartier de Saint-Jérôme, à Marseille. Le ciel est dégagé. Il fait un froid glacial et le vent souffle à plus de 100 km/h.
    La garrigue s’étend à perte de vue. Il n’y a pas âme qui vive. Soudain, surgis de nulle part, des hommes portant d’épaisses combinaisons sombres et des cagoules noires investissent un petit sentier de terre.

    Ils sont armés de fusils d’assaut et équipés de boucliers blindés, surmontés de caméras miniatures. Dans le même temps, un autre groupe se positionne un peu plus haut, derrière une camionnette. Plus loin, en tenue de camouflage, des policiers se rapprochent de la vieille bâtisse qui surplombe le site. Ils ont rampé, invisibles, depuis le flanc de la colline. Pendant de longues minutes, tous ces hommes équipés d’oreillettes, vont rester immobiles, à l’affût, à l’écoute des instructions de Didier A., le patron du GIPN de Marseille.

    Inlassablement, les policiers vont alors répéter les mêmes séquences d’intervention. Ils vont s’interrompre, puis recommencer. Ils vont gravir au pas de course les pentes broussailleuses de la colline et les redescendre face contre terre, selon un plan décidé une heure plus tôt dans les conditions du réel. L’exercice du jour consiste à maîtriser un forcené, un ancien légionnaire qui a blessé des automobilistes et a tiré une centaine de cartouches depuis la maison où il s’est retranché.

    Ce fait divers s’est réellement passé à Lille, une semaine plus tôt, dans le même environnement. "Toutes les opérations délicates sont systématiquement reprises par l’ensemble des GIPN de France, pour améliorer nos techniques d’intervention", explique en substance le commandant A. . Fin d’exercice. La nuit vient de tomber. Le forcené, en fait, un policier en civil, a été maîtrisé. Quatre heures se sont écoulées.

     

    ¤ Les opérations prioritaires:

    En 2002, les policiers d’élite qui les composent sont intervenus une centaine de fois. Et ont eu notamment 26 interventions prioritaires (forcenés, prises d’otages).
    Le GIPN de Marseille, composé de 24 policiers, a une zone de compétence qui comprend les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse l’Hérault, le Gard, l’Aude, les Pyrénées Orientales, l’Aveyron et la Lozère.

    "Chacun des policiers qui a intégré le GIPN a d’abord été sélectionné sur dossier", commente Didier A. . "Puis a suivi dix jours de tests dont une étude psychologique et de grosses épreuves physiques". "La plupart des candidats ont une spécialité (sport de combat, tireur d’élite, etc.). "Mais ce n’est pas une nécessité. Chaque année en France, sur 600 demandes, seuls 20 fonctionnaires en moyenne intègrent le Groupe". Outre les opérations prioritaires, le GIPN a des missions d’assistance, de protection de personnalités.

    On fait également appel à cette unité d’élite pour les interventions à l’intérieur des prisons (émeutes), les événements politiques, les procès ou les reconstitutions d’homicides dans des quartiers jugés à risques. Ces policiers sont aussi chargés de la formation interne au sein de la police nationale et à l’étranger.

     

    Polyvalents, mais tous spécialisés (combat, effraction, escalade, tir, etc.), ils sont soumis à un entraînement de Spartiates et sont en alerte 24h/24, 365 jours par an. Mais ils ont le même salaire et le même statut que leurs collègues de la police nationale. Seule différence: ils sont tous volontaires.


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  • Imaginaire et réalité dans les relations internationales

    Renseignement, services secrets, espionnage, contre espionnage : autant de termes qui suscitent immédiatement, auprès du public le plus large et dans le monde entier, intérêt et attention – fait assez rare en matière de relations internationales, à l’exception il est vrai non négligeable des conflits ouverts. A cet engouement fort répandu plusieurs raisons. Un halo sulfureux entoure ces activités, mélange de violence sans règles, d’argent, d’aventure, de sexe, d’individualisme, de patriotisme, et la littérature de gare comme le cinéma les ont exploitées et les exploitent toujours à l’envi. Pour ceux qui réfléchissent un peu, au-delà de l’approche émotionnelle et si l’on peut dire physique de ces thèmes, l’idée est prometteuse que l’on dévoile ainsi des ressorts cachés, qu’un monde ordinairement invisible affleure, qu’un sens profond se révèle, que l’on a quelque lumière sur la vérité des rapports internationaux – un état de nature, une jungle ouverte aux chasseurs, et que le meilleur gagne. Qui réfléchissent un peu mais pas trop, car ces perceptions de l’histoire reposent tout de même sur une vision paranoïaque, sur une surestimation manifeste des manœuvres et opérations clandestines de petits groupes par rapport aux grands mouvements d’idées, d’intérêts, de capacités militaires et d’orientations politiques prises par des autorités publiques et responsables.

    Un écran d’illusions

    Au fond, même cela peut sembler cynique, ces visions émotionnelles et/ou paranoïaques humanisent le monde, car elles supposent que l’action de quelques individus est en mesure de dominer et de maîtriser les grandes évolutions historiques – ce que beaucoup de révolutionnaires ont pensé, parfois théorisé, donnant une portée conceptuelle à une tendance spontanée de l’esprit : ramener des phénomènes collectifs, des forces qui vont, à sa propre intelligence du monde, par réduction de ce que l’on ne connaît et ne comprend qu’imparfaitement à ce que l’on croit saisir et mesurer par soi-même. Ce faisant, on rend le monde intelligible – une succession de complots clandestins de maîtres ou de rebelles – et en même temps on l’enchante, puisqu’il devient à la portée de chacun, que l’on peut les démasquer, faire le récit de l’histoire en mouvement, par une sorte d’hégélianisme inversé. Non plus la marche de l’esprit absolu, allant vers son but à travers ses contradictions successives, mais, à la façon de Balzac, une « histoire des treize » indéfiniment romanesque et répétitive. Car cette vision est aussi celle de certaines pensées réactionnaires, qui recherchent et cultivent le dessein occulte d’une aristocratie cachée, volontairement dissimulée au vulgaire.

    Pour irrationnelles et sans fondement qu’elles soient, ces visions ne manquent pas d’intérêt. Ne boudons d’abord pas le plaisir que peuvent donner ces aventures lorsqu’elles sont construites et contées avec talent. Romans comme films d’espionnage comportent leurs chefs d’œuvre. Ensuite, la manière dont au sein des différents pays on représente ses propres agents ou services est assez révélatrice de la perception qu’ils ont, ou qu’il voudraient donner, d’eux-mêmes : Exaltation de la puissance et de la vertu américaines qui écrasent les ennemis les plus redoutables ; illustration, avec ce qui convient de distance humoristique à des gens bien élevés, de la supériorité britannique ; dérision, légère ou lourde, Voltaire ou Flaubert, à l’égard de la prétention française à jouer dans la cour des grands – mais avec tout de même un succès final garanti. Dimension de civilisation aux Etats-Unis, de société aristocratique au Royaume-Uni, d’Etat en France. Bien sûr, il s’agit d’archétypes, et l’on trouverait des visions alternatives, plus proches d’une réalité des services et des agents bien davantage bureaucratique, désenchantée et ambiguë, comme celle de John Le Carré, sans doute le maître contemporain du genre. Le renseignement n’y est ni une profession héroïque, ni une aventure qui porte des individus exceptionnels à leur acmé ou des êtres ordinaires au-delà d’eux-mêmes, mais un milieu, où l’on mène quotidiennement des activités incertaines et routinières, comme tout le monde.

    L’autre côté du miroir

    Ce milieu est dans une certaine mesure international, puisque les membres des divers services nationaux se connaissent, au moins pour certains d’entre eux, et sont conduits parfois à se côtoyer, parfois à coopérer, parfois à se combattre. On ne doit pas non plus méconnaître qu’une partie importante de l’activité des services spéciaux consiste à travailler à partir de sources ouvertes, toujours très diverses et très riches, dont la compilation et l’analyse systématiques sont fort instructives. La difficulté est l’identification et la sélection des bonnes sources au bon moment, puisqu’en définitive l’essentiel finit par transpirer et que le secret dévoilé l’est simplement avec un temps d’avance. Il ne convient pas non plus d’exagérer l’importance des informations que l’on a pu dérober par des moyens illicites, qui peuvent sans doute permettre des avancées à court terme, mais qui créent à plus long terme une dépendance dangereuse, puisque l’on a pas soi-même maîtrisé le processus de la découverte ou de l’invention, et que l’on court toujours le risque d’une intoxication. Maîtriser des données multiples et de qualité ou fiabilité très inégales suppose, au-delà de l’acquisition des informations, un éventail de compétences de tous ordres que bien peu de gouvernements sont en mesure d’avoir à leur disposition. Aussi bien le monde du renseignement reproduit-il les inégalités entre Etats, à l’exception peut-être du domaine politique, dans lequel les pays les moins avancés possèdent souvent de polices puissantes, efficaces et discrètes.

    Quant aux domaines du renseignement, ils sont multiples, aussi indéfinis et mobiles que l’activité de l’Etat et ses relations extérieures elles-mêmes. Il peut s’agir de la sécurité, et c’est là que se polarise l’intérêt du public – sécurité militaire et non militaire, avec l’ensemble des risques et menaces qui pèsent sur l’Etat et la société qu’il encadre et protège. Il s’agit encore de l’économie, et dès lors que les périls extérieurs s’éloignent, la compétition industrielle, technologique, commerciale prend le pas avec une demande accrue de vigilance et d’informations – d’où le succès actuel de l’ « intelligence économique », dont on parle beaucoup mais dont on éprouve de la difficulté à cerner les contours et à cibler le cœur. Il s’agit aussi de la diplomatie, et il n’est pas inutile aux Etats de connaître les positions de négociation de leurs partenaires, leurs intentions, leur marges de manœuvre, les regroupements d’intérêt qu’ils peuvent susciter … C’est dire que le renseignement est un caméléon, comme la guerre suivant Clausewitz, qu’il s’adapte aux circonstances, qu’il devrait même permettre de les anticiper à son avantage. A ce titre, il est saisi, comme d’autres fonctions longtemps réservées à l’Etat, par un mouvement, non de privatisation mais bien plutôt de gestion privée, et l’on voit prospérer agences et officines qui travaillent à la lisière des administrations et des entreprises. Mais, pour le renseignement, changer d’objectifs, d’objet, de cibles, est toujours une entreprise délicate, comme l’ont illustré les déboires des services américains à propos de l’Iraq.

    Cette mobilité nécessaire, cette palette indéfinie d’objets, on la retrouve avec les méthodes et les moyens. Une grande division oppose désormais l’Elint – les moyens technologiques, qui procurent des données à distance – et l’Humint, les moyens humains. Mais l’essentiel est bien leur association, et celui auquel manque l’un des chaînons du processus risque fort d’avoir des informations qu’il ne saura pas interpréter, ou des agents sans éléments de base suffisants. Surestimer les moyens technologiques expose à de grands déboires. Une partie seulement de l’activité de renseignement s’affranchit des règles de la légalité ordinaire, puisque après tout un Etat est toujours libre d’obtenir par une surveillance attentive les connaissances dont il a besoin, comme il est de son devoir de se prémunir contre les intrusions d’autrui. Pour la partie illicite, qui suppose intrusion dans la propriété publique ou privée de données confidentielles ou secrètes, ou encore des actions de perturbation voire de destruction tendant à tromper et/ou à affaiblir l’adversaire, il est clair qu’elle constitue le noyau dur, mais aussi par définition le moins accessible de l’activité des services. Lorsqu’on la connaît, c’est en règle générale qu’elle a échoué. L’échec fait scandale, davantage encore chez ceux qui ont suscité l’activité délictuelle que pour ceux qui auraient pu en être les proies, fondés à se poser en victimes innocentes. L’histoire, surtout depuis la fin du XIX
    e siècle, abonde en scandales de ce type, ouvrant sur ce monde clandestin une porte sitôt refermée.

    De la méfiance avant toutes choses

    Méfiance d’abord à l’égard d’autrui, celui qui est l’objet de la surveillance ou des investigations. Si l’innocence est une présomption judiciaire, elle ne relève pas de l’univers des services, pas davantage que de celui de la police. Non que tous soient suspects, mais enfin ils sont susceptibles de l’être et toujours virtuellement sujets à enquête. La diplomatie comme le droit international reposent sur la confiance mutuelle – la bonne foi, le principe pacta sunt servanda. Le renseignement repose à l’inverse sur une méfiance méthodologique, qui ne prend rien pour acquis et préfère vérifier pour s’assurer de la réalité des bonnes intentions ou déclarations, et de la correcte exécution des engagements. C’est dire que, sans évoluer dans un climat d’hostilité systématique à l’encontre du monde extérieur, il ne s’appuie pas sur une vision angélique ou idéaliste des relations internationales. La pire hypothèse est son axiome de base : que les engagements ne sont pas sincères, que les partenaires trichent ou ont les moyens de tricher, que les menaces sont présentes, que des intérêts extérieurs tentent de capter des informations sensibles … La prudence impose même aux services de cultiver le pessimisme. Si le danger s’actualise, ils l’auront prévu. S’il ne se manifeste pas, c’est que son anticipation l’aura fait reculer, et l’on est gagnant à tout coup. Aussi bien apprend on souvent après un fâcheux événement qu’il avait été annoncé par les services compétents, dont les avertissements ont été ignorés - mais c’est que la plupart de ces prévisions sont ensuite démenties, et que la grande question du renseignement est de se faire entendre, d’obtenir la crédibilité nécessaire auprès des autorités responsables.

    Méfiance donc également à l’égard des services eux-mêmes, souvent considérés, sinon comme un mal nécessaire, du moins comme une puissance autonome qu’il faut cantonner et contrôler. Après tout, ils peuvent avoir leurs objectifs propres, ou être instrumentalisés, trompés, mal informés … D’autant plus que leur mission même suppose une plus ou moins forte opacité, et que la transparence de leurs activités rencontre très vite ses limites. Parmi les dérives les plus fréquentes, celle de la surveillance politique intérieure, qui transforme des services voués à la protection de l’Etat et de la nation en outils d’oppression – dérive classique dans les dictatures et les régimes autoritaires ; celle de l’activité idéologique autonome, qui conduit les services à identifier leurs propres adversaires et à tenter d’influencer la décision politique ; celle de la pénétration extérieure, qui facilite et accélère la désinformation au service d’intérêts étrangers ; celle de la routine, qui ne permet pas de s’adapter en temps voulu à l’évolution du contexte extérieur, aux menaces et risques émergents qui restent insuffisamment évalués tandis que l’on reste polarisé sur ceux du passé. On peut mettre des figures ou des scandales, historiques ou romancés, en face de chacune de ces dérives qui constituent les pathologies du renseignement.

    Pour limiter ces périls, plusieurs solutions, cumulatives plus qu’alternatives. La première est la professionnalisation, qui suppose que l’on s’appuie sur des services bien formés, adaptés à leurs tâches, et mobiles, c’est-à-dire renouvelés suffisamment rapidement pour ne pas demeurer tributaires de problématiques dépassées – mais en même temps il faut savoir garder la mémoire de l’institution afin de mettre en perspective des évolutions parfois plus apparentes que réelles. La deuxième est la segmentation, qui conduit à fractionner les services en les spécialisant, afin de ne pas constituer une entité trop puissante, tout en optimisant la professionnalisation. La plupart des Etats y recourent, distinguant notamment la sécurité intérieure et le renseignement extérieur – mais il convient alors d’assurer une coordination efficace. On peut aussi séparer ce qui relève du domaine de la sécurité militaire et ce qui concerne les dimensions civiles, notamment économiques. La menace terroriste, indifférenciée et diffuse, remet toutefois en cause ces distinctions classiques. La troisième solution repose sur le développement d’un contrôle public des activités des services, par des mécanismes d’autorisations préalables, administratives voire judiciaires, par l’intervention de commissions parlementaires adaptées aux contraintes de la confidentialité nécessaire … Les services sont toujours, en dernière analyse, le modèle réduit, l’émanation et la sauvegarde d’un Etat profond. Leur légitimité comme leur efficacité sont étroitement dépendants de la légitimité de l’Etat lui-même.


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  • Présentation de la mission

    La Direction Centrale du Renseignement Intérieur est un service de renseignement de sécurité disposant de pouvoirs de police judiciaire spécialisée.

    Le décret n°2008-609 du 27 juin 2008 (publié au journal officiel du 28 juin 2008) définit les missions et l'organisation de la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), grand service de renseignement intérieur unique qui marque la disparition de la DST (direction de la surveillance du territoire) et des RG (Renseignements généraux).
    La DCRI a compétence pour rechercher et prévenir, sur le territoire de la République française, les activités inspirées, engagées ou soutenues par des puissances étrangères et de nature à menacer la sécurité du pays, et plus généralement, pour lutter contre ces activités. A ce titre, la DCRI exerce une mission se rapportant à la défense.

    Territorialité

    La Direction Centrale du Renseignement Intérieur est compétente sur tout le territoire national.

    Domaine de compétence

    Concrètement, les missions de la DCRI sont traditionnellement de trois types : contre-espionnage, contre-terrorisme, protection du patrimoine économique et scientifique. De nouvelles menaces de niveau stratégique apparaissent et sont d'ores et déjà prises en compte, telles la prolifération des armes nucléaires, bactériologiques, chimiques et balistiques ou la grande criminalité organisée.

    Contact

    Une cellule spécialisée dans la " cybercriminalité " peut être jointe au 01 77 92 5000.
    Consultez la présentation de la DCRI sur le site internet du Ministère de l'Intérieur.

     

    HISTORIQUE
    Issue du rapprochement de la direction centrale des renseignements généraux née en 1907 et de la direction de la surveillance du territoire en 1944, la direction centrale du renseignement Intérieur (D.C.R.I.) est créée le 1er juillet 2008.


    MISSIONS
    Elles consistent dans la lutte  contre toutes les activités susceptibles de constituer une atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. La DCRI est chargée de prévenir et réprimer, sur le territoire de la République, les activités inspirées, engagées ou soutenues par des puissances ou des organisations étrangères et de nature à menacer la sécurité du pays.

    La contre-ingérence étrangère, traditionnellement associée au contre-espionnage, couvre un domaine élargi dans un contexte multipolaire. L'objectif de la DCRI est de déceler et de neutraliser toute menace résultant des activités de services de renseignement de pays adverses, d'organisations ou d'agents se livrant à l'espionnage, au sabotage ou à la subversion.

    La menace terroriste, très évolutive, exige des services de sécurité une adaptation permanente. La DCRI, qui combine ses capacités de service de renseignement et de service de police judiciaire spécialisé, est en mesure de détecter, de surveiller et le cas échéant d'interpeller les individus, les groupes et les organisations de nature subversive susceptibles de se livrer à  des actes de terrorisme ou d'atteinte à l'autorité de l'Etat.

    Au titre des menaces émergentes, la lutte contre les proliférations des armes nucléaires, bactériologiques, chimiques ou balistiques s'inscrit dans une dynamique de coopération avec le secteur économique et industriel.

    De surcroît, le développement d'une société dépendante des technologies de l'information et des communications justifie l'investissement consacré à la lutte contre la cyber criminalité.
    Enfin, la DCRI est inscrite dans une véritable politique publique d'intelligence économique initiée depuis 2003, et peut ainsi faire face à de nouveaux enjeux dans un esprit de partenariat avec les entreprises privées et publiques.


    ORGANISATION ET FONCTIONNEMENT
    Les structures et le fonctionnement de la direction sont couverts par le «Secret Défense».
    Les services de la DCRI relèvent du seul directeur central du renseignement intérieur, à l'exclusion de toute autre subordination territoriale.


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  • Une nouvelle Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), qui regroupera les Renseignements généraux (RG) et la Direction de la surveillance du territoire (DST), sera mise en place courant 2008, a annoncé jeudi la ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie lors d'une visite dans leurs nouveaux locaux. "Dans le contexte actuel mondial, la nation a besoin d'un renseignement fiable et efficace", a-t-elle affirmé devant la presse. "C'est une exigence absolue de notre sécurité".

    Si la nouvelle locataire de la Place Beauvau avait publiquement exprimé en juin ses réserves sur cette fusion chère à Nicolas Sarkozy, elle a finalement demandé au début de l'été à un groupe de travail piloté par Frédéric Péchenard, le directeur général de la police nationale (DGPN), de plancher sur ce "rapprochement". "Cette réorganisation va garantir une meilleure complémentarité et une communication sans failles de tous les acteurs du renseignement", a-t-elle ajouté.

    Quatre missions seront désormais dévolues à cette nouvelle DCRI: le contre-espionnage et la contre-ingérence, le contre-terrorisme et la protection des institutions, la protection du patrimoine et l'intelligence économique, ainsi que l'analyse des mouvements sociaux et des faits de société.

    Ce rapprochement ne sera pas la simple addition de la DST, créée après la guerre et forte de 1.800 policiers, et de la Direction centrale des renseignements généraux (DCRG) qui regroupe 3.000 fonctionnaires dont les missions disparates s'étaient empilées au fil des décennies. Celle-ci devrait voir partir 20% de ses effectifs.

    Ainsi, le groupe "Courses et jeux", dédié à la surveillance des hippodromes et des casinos, rejoint la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ). Les fonctionnaires qui assuraient le suivi des manifestations de voie publique, la protection des personnalités, la lutte contre les violences urbaines et le hooliganisme passent, eux, sous la coupe de la Direction centrale de la sécurité publique (DCSP).

    "Nous sommes opposés à ce changement car nous craignons que nos collègues soient affectés à terme à de simples missions de sécurité publique", s'inquiète David Barbas, porte-parole du Syndicat national des officiers de police (SNOP). "Il y a une culture du renseignement et une culture de la 'bâtonnite' des directeurs départementaux de Sécurité publique", assure de son côté Bruno Beschizza, secrétaire général de Synergie-Officiers. "Les personnels en provenance des RG devront avoir des garanties statutaires".

    Les "transferts" se feront sur la base du volontariat et le maillage territorial sera conservé, à précisé Mme Alliot-Marie. A l'instar des autres services de la préfecture de police de Paris, les RG de la capitale devraient garder leur autonomie.

    Face aux réticences syndicales, la DGPN a prudemment conservé le volet "analyse des mouvements sociaux et des faits de société" dévolu aux RG dans le giron de la nouvelle DCRI. Forte de 5.000 personnes, cette dernière devrait être dirigée par Bernard Squarcini, ancien No2 des RG, qui avait vu la direction lui échapper en 1984 après un veto chiraquien. Revenu à la tête de la DST en juillet, ce proche de Nicolas Sarkozy attend son heure pour reprendre des RG amaigris.

    Pour preuve de l'efficacité de la complémentarité entre services, la ministre s'est fait présenter les armes et les faux documents administratifs saisis récemment dans un atelier clandestin de fabrication d'engins explosifs de l'ETA à Cahors. Une opération menée conjointement par les RG et la Sous-direction antiterroriste (SDAT) de la Direction centrale de la police judiciaire qui garde son autonomie.

    Elle a toutefois rejoint durant l'été les RG et la DST dans des locaux high tech d'une ancienne agence de communication à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). "C'est le site policier le plus moderne et c'est un programme immobilier exceptionnel pour la police nationale", s'est félicité Frédéric Péchenard (DGPN). L'aménagement des 3.000m2 de bureaux a ainsi coûté 200 millions d'euros. AP


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    Le rôle du général Philippe Rondot, ancien de la DGSE et de la DST, dans l'affaire Clearstream, a mis en lumière celui des services secrets français. Ceux-ci, qui forment une véritable "galaxie", sont répartis entre les ministères de la défense et de l'intérieur. Leurs relations avec le gouv

    Le SGDN. Il coordonne plusieurs ministères en matière de défense et de sécurité. Mission parfois théorique, plusieurs services de renseignement ressentant sa tutelle comme administrative et bureaucratique. Le ministère de la défense, par exemple, souhaiterait que le SGDN lui soit rattaché. Son origine date de la séparation en 1962 entre l'état-major des armées (EMA), qui dépend du ministère de la défense, et le SGDN, rattaché au premier ministre.

    Avec 540 personnes et 75 millions d'euros de budget, il assure le secrétariat des conseils et comités de défense, celui du comité interministériel du renseignement (CIR), et suit l'évolution des technologies de l'information et de la communication. Le SGDN préside aussi les réunions de la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériel de guerre (CIEEMG) et coordonne les actions d'intelligence économique, dont le haut responsable est Alain Juillet, ancien de la DGSE.La DGSE. Dans l'imagerie populaire, c'est "le" service secret par excellence, équivalent français de la CIA. Mais sa réputation pâtit du souvenir du sabotage du navire de Greenpeace, le Rainbow-Warrior (juillet 1985) par ses agents. Créée en 1982, la DGSE a succédé au service de documentation extérieure et de contre-espionnage (Sdece). Sa mission est "de rechercher et d'exploiter les renseignements intéressant la sécurité de la France, ainsi que de détecter et d'entraver, hors du territoire national, les activités d'espionnage dirigées contre les intérêts français afin d'en prévenir les conséquences".Elle comprend 4 773 personnes (25 % de femmes et 70 % de civils) auxquelles s'ajoutent 800 agents du service action (SA). Son budget est de 486 millions d'euros (dont 36,2 millions de crédits spéciaux). Elle dispose de cinq grandes directions : renseignement, technique, stratégie, opérations, administration. La DGSE, qui est le seul service autorisé à utiliser des méthodes clandestines. Ses agents - qui ne portent jamais d'uniforme et n'utilisent pas d'armes françaises -, sont habilités à pratiquer l'illégalité.La DGSE dispose de moyens importants - des centres d'écoute électronique aux nageurs de combat -, d'une centaine d'antennes permanentes à l'étranger, et d'un réseau de milliers d'informateurs (les "sources"). Chaque jour, la DGSE produit une trentaine de notes et d'analyses dont les "clients" sont la présidence de la République, Matignon, le Quai d'Orsay, les ministères de la défense et de l'intérieur, et les autres services de renseignement.La DGSE est sous tutelle organique du ministère de la défense, mais l'état-major particulier du président de la République, Matignon et d'autres services officiels ont un accès direct à ses services et à son directeur général, Pierre Brochand. Contrairement aux services secrets américains ou britanniques, la DGSE ne dispose pas d'un site Internet, mais sa communication tend à s'améliorer.La DRM. Elle a été créée en avril 1992 par Pierre Joxe, alors ministre de la défense, sur la base des enseignements de la guerre du Golfe : carence de renseignement militaire et services trop dispersés, rendant la France trop dépendante des sources américaines.Placé sous l'autorité du chef d'état-major des armées (CEMA), ce service regroupe 1 806 personnes (en uniforme) appartenant aux trois armées (terre, air, marine) et à la direction générale pour l'armement (DGA). Ses éléments récoltent des renseignements d'ordre militaire, concernant les forces et les systèmes de combat d'adversaires potentiels.Le budget de fonctionnement de la DRM est de 126 millions d'euros, chiffre théorique, la DRM utilisant les moyens des trois armées. Elle a, par exemple, réceptionné, en octobre 2005 le Dupuy-de-Lôme, navire-espion qui lui donnera, ainsi qu'à la DGSE, un moyen d'écoute ultramoderne dédié au renseignement stratégique et à la lutte antiterroriste. De même, en 2004, une fusée Ariane-5 a placé en orbite le satellite d'observation militaire Hélios-II A et, en 2005, le satellite de communications militaires Syracuse-III A. Des avancées technologiques qui renforcent la souveraineté et l'indépendance stratégique de la France.La DPSD. Service de renseignement méconnu, la DPSD a pour mission de veiller à la sécurité du personnel, des informations, des matériels et des installations sensibles relevant de la défense nationale. Elle accorde les habilitations aux différents niveaux de classification des informations ("confidentiel", "secret- défense", etc.) et enquête sur les intéressés. La DPSD est aussi chargée d'une mission de contre-ingérence économique afin de protéger les industries de défense à fort potentiel technologique, ce qui revient à une mission de contre-espionnage. Elle emploie 1 460 personnes.Le COS. Il regroupe les "forces spéciales", des militaires qui, contrairement aux agents du service Action de la DGSE, opèrent en uniforme. Ils peuvent agir au sein d'une opération multinationale (comme actuellement en Afghanistan, sous commandement américain), dans un cadre interarmées (Tchad, Côte d'Ivoire, Balkans, etc.), ou de façon autonome. Le COS a été créé en 1992, après la guerre du Golfe : contrairement aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne, la France ne disposait pas d'un commandement unique et interarmées regroupant ses unités spéciales. Ses effectifs sont d'environ 2 000 hommes (armée de terre : 1 200 ; marine et armée de l'air : 400 chacune).Le COS est l'employeur prioritaire - mais non exclusif - des cinq commandos marine (Hubert, Trépel, Jaubert, de Monfort et de Penfentenyo), et du commando parachutiste de l'air (CPA-10) d'Orléans. Le 1er régiment parachutiste d'infanterie de marine (1er RPIMa), à Bayonne, et le détachement de l'aviation légère des opérations spéciales (DAOS), à Pau, dépendent exclusivement du COS.La DAS. Ce n'est pas un service de renseignement mais la DAS analyse les informations fournies notamment par les services de renseignement et en tire des notes et recommandations de caractère politique, stratégique et prospectif, servant au ministre de la défense et aux autres services de l'Etat. Elle suit les dossiers de la défense européenne et de l'OTAN, du nucléaire et des armes de destruction massive, de la défense antimissile, etc., ainsi que l'évolution des crises (Balkans, Afghanistan, Irak, Afrique) en faisant une analyse prospective des risques.

    ernement et entre eux sont souvent complexes. D'autres services de l'Etat, comme la direction des douanes, font également du "renseignement".


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