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    La DGSE (Direction Générale de la Sécurité Extérieure) et la DST ( Direction de la Surveillance du Territoire ), les services secrets français, possède un parc informatique impressionnant qui, bien entendu, tombe sous le coup du secret défense. En termes de calcul, la DGSE possède depuis 1992 un supercalculateur T3D , qui remplace à lui tout seul le vieux Cray 1 dont les capacités ne permettent plus de suivre l'évolution des niveaux de cryptages : « Les superordinateurs de la DGSE servent à casser les codes qui protègent des messages interceptés par les satellites français actuellement en orbite. » affirme Eric D....... , fondateur du CF2R (Centre Français de Recherche sur le Renseignement).
    L'automatisation de l'interception et des moyens de déchiffrement, les flux générés par l'utilisation d'Internet et la capacité à intercepter de nouveaux systèmes de télécommunications utilisant des codages propriétaires, sont les priorités qui poussent la DGSE  et la DST à se doter des meilleurs matériels et logiciels.
    Qui dit parc informatique dit forcément augmentation des budgets en conséquence, selon le député Yves Fromion auteur d'un rapport sur les crédits du renseignement, les coups avoisinent une enveloppe globale estimée à 1,3 milliard d'euros, définie par la loi de programmation militaire , qui court jusqu'en 2008. Une constante évolution donc, sachant aussi que le parc des ordinateurs pour les agents analystes et autres officiers doit être constamment renouvelé pour suivre le rythme des logiciels -dont certains sont réalisés en interne- question de sécurité et d'efficacité.
    Révolu donc le temps doré de TAIGA (traitement automatique de l'information géopolitique d'actualité), ce logiciel développé pour la DGSE à partir de 1987 et permettant de réaliser une veille technologique basée sur une analyse sémantique de l'information. Aujourd'hui, ils sont multiples, soit propriétaires soit partagés par d'autres services, tout comme Analyst's Notebook , un logiciel utilisé par les forces de l'ordre et les services d'investigation. Il permet de réaliser des analyses visuelles de données pour révéler instantanément les éléments communs utilisés par des cibles différentes, par exemple, il met en évidence les réseaux, révèle les structures de commandement ou de contrôle d'une organisation criminelle ou terroriste : « Ce logiciel est utilisé par la PJ pour les affaires criminelles et la DST l'utilise pour la lutte contre le terrorisme et pour la veille » affirme Patrice Cayrol , Président Directeur Général de la société IparI (Investigation par l'Image). Ce logiciel est utilisé aujourd'hui par le FBI, la DST et la DGSE pour traquer Al-Qaïda . La moindre information est alors numérisée et partagée, apparaît alors visuellement le réseau terroriste et ses interconnexions.
    Sur le terrain, les agents de la DGSE, ceux du Service Action , et du Groupe Cobra, sont équipés depuis quelques temps déjà avec des ordinateurs portables renforcés de la gamme GoBook . Des portables "tout-terrain" entièrement réalisés sur mesure par la société Itronix et qui équipent déjà beaucoup d'unités très spéciales de part le monde. De source officielle, ces ordinateurs tournent sous Linux , avec un noyau entièrement fait "maison" par les informaticiens de la piscine, le surnom de la DGSE : « Avec Linux on contrôle tout, de l'information saisie sur la machine en passant par le cryptage et la transmission, il vaut mieux faire confiance à un système que nous avons bâtit plutôt qu'à autre chose dont nous n'avons pas examiné à la loupe le code source » affirme un informaticien, aujourd'hui consultant privé qui a passé trois ans dans la maison.
    La DGSE parie fortement sur les nouvelles technologies et l'informatique pour l'aider dans sa mission de protection des intérêts français de part le monde, mais la situation est presque désespérée en ce qui concerne les "cerveaux" qui font cruellement défaut. Selon une source interne, la DGSE manque d'informaticiens chevronnés qui « préfèrent passer au privé » parce qu'ils y sont « mieux payés », autre méfait de l'administration, quand vous rentrez à la DGSE votre carrière est bloquée, plus aucune possibilité d'évolution « votre dossier est figé, il ne fait qu'une ligne, quoi que vous auriez pu faire, quoi que vous valez, beaucoup de nos meilleurs militaires ou civils refusent de passer par la case DGSE ».
    Si l'informatique évolue au sein de nos services secrets, l'administration a tendance à oublier qu'un ordinateur se pilote grâce à un cerveau humain.


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